Le trafic de marchandises par voie maritime a connu une augmentation très importante en seulement quelques décennies. 11 076 millions de tonnes ont ainsi transité via les grands ports du monde en 2019 : un volume quatre fois supérieur à celui du début des années 1970.
Dans ce contexte, l’efficacité et la rapidité des opérations de transbordement des marchandises dans les ports sont devenues des enjeux à part entière. Les grandes zones industrialo-portuaires (ZIP) et leurs personnels doivent s’organiser pour éviter une attente prolongée des navires dans les ports et une perte d’argent.
Quels sont les grands principes de la manutention portuaire ? Le point avec XP LOG.
La manutention portuaire (ou « stevedoring » en anglais) se définit comme l’ensemble des opérations de chargement et déchargement des navires marchands dans les ports de commerce. Elle est réalisée à l’aide de divers équipements portuaires et moyens de levage : grues, portiques, moyens roulants…
Les opérations de manutention concernent principalement le transbordement de charges lourdes et volumineuses, incluant :
Des conteneurs maritimes d’un poids de plusieurs tonnes ;
Des palettes ;
Des produits en vrac.
Une fois déchargées, les marchandises peuvent avoir plusieurs destinations :
Stockage en hangar ou entrepôt logistique ;
Stockage sur un terre-plein portuaire ;
Acheminement direct vers l’acquéreur ou le commanditaire...
La manutention portuaire est soumise à des règles de sécurité visant à protéger l’intégrité des personnels, mais aussi celle des marchandises.
Il existe, en pratique, deux types de manutention portuaire.
La manutention horizontale, ou RO/RO (roll-on / roll-off), est réalisée directement sur les bateaux, au moment de l’embarquement. Les dockers se mettent à bord des bateaux pour fixer les marchandises. L’opération est essentielle, notamment, pour éviter un basculement des conteneurs en haute mer.
La manutention verticale consiste à soulever les conteneurs jusqu’à une hauteur suffisante pour charger ou décharger le navire. Les marchandises sont ainsi passées par-dessus le bastingage en toute sécurité.
L’opération, très délicate et technique, suppose le recours à des engins de manutention comme les grues et les portiques.
Le transbordement des marchandises dans les ports commerciaux est à la charge des entreprises de manutention portuaire. Ces dernières emploient des dockers pouvant exercer plusieurs métiers complémentaires :
Des ouvriers ;
Des grutiers ;
Des manutentionnaires portuaire.
Ces professionnels occupent une place importante au port. Sans eux, impossible de charger ou de décharger les navires au port. Les principales tâches des dockers incluent :
La préparation de l’ensemble des accessoires de levage (palonnier, chaînes ou élingues) pour procéder au transbordement sécurisé des marchandises ;
La manipulation des chariots élévateurs ;
Le guidage des grues et des portiques de manutention ;
L’utilisation d’une trémie pour le chargement et le déchargement des vraquiers ;
L’« accorage » des marchandises, c’est-à-dire la fixation sécurisée des marchandises sur les cargos par l’usage de barres et de sangles ;
Le désarrimage des marchandises et conteneurs à l’arrivée dans le port ;
Le chargement et le déchargement des provisions ou des bagages en ce qui concerne les navires de croisière et de transport de passagers...
Les personnels spécialisés de manutention portuaire doivent être vigilants et faire preuve d’une rapidité de prise de décision. Ils doivent maintenir une attention permanente pour éviter des accidents potentiellement très graves.
Le statut de ces personnels est encadré par les articles L. 5343-1 et suivants du Code des transports. Depuis la loi n° 2008-860 du 4 juillet 2008, un « commandement unique » est assuré sur l’ensemble des terminaux portuaires pour les personnels privés et publics, assurant la manutention horizontale et verticale.
Sur le plan du droit du travail, il existe par ailleurs deux catégories de dockers :
Les ouvriers dockers professionnels incluent les salariés mensualisés et détenteurs d’un contrat de travail à durée indéterminée. Ils comprennent aussi les dockers relevant encore du régime de l’intermittence – supprimé en 1992 pour les nouvelles embauches.
Les ouvriers dockers occasionnels constituent une main-d’œuvre d’appoint, sollicitée par les entreprises portuaires notamment en cas de pic d’activité ou de pénurie d’effectif. Ils font l’objet, eux aussi, d’un recrutement par contrat de travail à durée déterminée.
Les droits sociaux des dockers en matière de rémunération, classification des emplois, formation ou durée du travail sont encadrés par la « convention collective nationale unifiée ports et manutention » (CCNU), signée par les partenaires sociaux le 10 mars 2011.
Focus sur le régime de l’intermittence des dockers
Le régime historique des dockers intermittents était prévu par la loi n° 47-1746 du 6 septembre 1947 sur l’organisation du travail de manutention dans les ports. Il s’agissait alors de prendre en compte la nature très irrégulière du travail dans les ports (selon les arrivées et départs de navire). Le texte prévoyait donc une carte professionnelle et le chômage technique pour les dockers payés à la vacation ou à la journée.
Ce régime a été supprimé par la loi n° 92-496 du 9 juin 1992, qui encadre la transition des dockers de l’intermittence vers le droit commun.
À l'origine, les dockers faisaient la manutention à la main. Le travail était épuisant et physique, et donc uniquement réservé aux hommes.
Une grande partie des tâches est maintenant réalisable via des engins de manutention et de levage. La généralisation du fret par conteneurs et le développement de la « palettisation » ont réduit notablement l’énergie physique nécessaire à la manutention des marchandises. Cette évolution technique a entraîné différentes évolutions du secteur, comme :
La création de systèmes d’unités de charge, autorisant la manutention en bloc de groupement de marchandises ou colis ;
La standardisation technique des conteneurs, avec par exemple l’ajout de « pièces de coin » facilitant la préhension par les engins de levage, ou encore l’ajout de verrous tournants pour sécuriser la fixation à la grue.
La pénibilité du métier reste cependant reconnue, et la profession reste très majoritairement masculine. Une certaine force physique reste par ailleurs requise lorsque les ouvriers de manutention portuaire sont également chargés de l’« empotage » et du « dépotage » des marchandises, c’est-à-dire du remplissage et du vidage des conteneurs.
La manutention portuaire constitue un rouage essentiel du transport international de marchandises. Le secteur se distingue par une automatisation croissante, mais aussi par un haut niveau de technicité. L’efficacité des opérations de transbordement est aujourd’hui fortement dépendante de l’expertise de ces personnels clés.
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